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Dormir bajo el panóptico

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Anoche por casualidad festejé mi cumple en una antigua carcel de Montevideo. A esa hora tenía agendado un vuelo hacía una micro isla de Panamá, unas vacaciones recién planteadas, pero por un tema administrativo, y probablemente algo de karma, no pude subir al avión. Vaya sorpresa. El viaje al archipiélago edénico por supuesto se canceló de golpe. Pensé fugazmente y muy egoístamente que no era mi destino y que seguro ese avión iba a esfumarse por encima de algún pueblo caribeño, tipo realismo mágico, ya lo veía cayendo como un ángel expulsado, incluso imaginé a sus pasajeros convirtiéndose al canibalismo para sobrevivir en una zona montañosa y inaccesible (tema sensible en Uruguay). Pero no fue así y el avión, por lo que sé, sí llegó.

Salí del aeropuerto y volviendo a casa pensé que "por algo pasan las cosas", cómo me lo dijo entonces el taxista. Ese chofer muy acertado también opinó que me vendría bien cambiar los planes para el cumple. La idea de quedarme en el sofá cama escuchando canciones francesas tristes no me apetecía. Así que algunas horas después de haber salido patéticamente del hall de partidas del aeropuerto de Montevideo-Carrasco, me fui a esa ex-carcel de la calle Miguelete, porque me habían dicho que allá se armaba una tremenda fiesta de poetas y cosas así. En ese lugar hice encuentros salados y me tocaron momentos de pura gracia, con charlas de otro planeta y delirio. "Por algo pasan las cosas", me acuerdo haber dicho eso, medio borracho, a un performer holandés que me miraba con un toque de inquietud.

Al salir de la fiesta, vi ese grafiti refiriéndose à Foucault (foto arriba) y me vinieron ganas de dormir. Me tumbé sobre la vereda, para esconderme de los radares de la conciencia. Dormir para que se encasquille el mecanismo del panóptico. Dormir para poder mirar mejor a los miradores. Esos vigilantes disfrazados de nosotros nos obligan a cumplir, esforzar, amontonar, nos aprenden a wasapear y hashtagear, opinar, contar y descontar, enrededar, cautivar, nos obligan a tomar aviones y bondis, nos sacan selfies al mismo tiempo que nos aprenden a odiar los selfies, nos obligan a caminar y volver a caminar, en mi país incluso eligieron presidente a un hombre que quiere que la gente se ponga "en marche", como whitewalkers o fantasmas trajeados, nos cuentan que incluso en el amor hay que actuar y hacer, en vez de amar. Nos obligan a brillar por todas partes, pero a mí me importa un pito el lucimiento.

La única cosa que me interesa en ese mundo carcelario, además de los juegos del atardecer, es el leve ruido que hace el latido del ser amado a la hora de la siesta. Dormir amando o amar durmiendo, son los mejores remedios contra la obligación del "despertar" o del "cumplimiento". No me interesa salir de esa vereda, que venga el barrendero, que la isla de postal se joda, sólo quiero que la vida siga siendo un sueño. A pesar de ser, desde hoy, un cuarentón.


****************** Traduction ******************


DORMIR SOUS LE PANOPTIQUE

Hier soir j'ai fêté mon anniversaire, par hasard, dans une ancienne prison de Montevideo. En théorie, à cette heure, j'aurais dû être dans un vol en direction d'une toute petite île du Panama, des vacances pensées récemment, mais pour une raison administrative, et probablement un peu de karma, je n'ai pas pu monter dans cet avion, sacrée belle sale surprise de ses morts. Bien sûr, le voyage vers l'archipel paradisiaque s'est dissous sur le champ. A ce moment, j'ai pensé fugacement et très égoïstement que ce n'était pas mon destin de prendre ce vol et que l'appareil allait se volatiliser au dessus d'un quelconque village caribéen, en mode réalisme magique, je le voyais déjà chuter du ciel comme un ange expulsé, j'imaginais même ses passagers se convertir au cannibalisme pour survivre dans une zone montagneuse et inaccessible (un thème sensible en Uruguay). Mais ça ne s'est pas passé ainsi et, de ce que j'en sais, le vol est bien arrivé.

Je suis sorti de l'aéroport et sur le chemin du retour vers chez moi, j'ai pensé que
"les choses arrivent toujours pour quelque chose", comme me l'a dit alors le chauffeur de taxi. Cet homme très sage estimait également que ce serait une bonne idée de changer de plan pour mon anniversaire. L'idée de rester chez moi tout le week-end, sur mon sofa, à écouter des chansons françaises tristes ne m'emballait guère.

Alors, quelques heures après être sorti piteusement du hall des départs de l'aéroport Montevideo-Carrasco, je me suis rendu à cette ancienne prison de la rue Miguelete, parce que j'avais entendu dire qu'il y avait là-bas une sacrée fête de poètes et des trucs du genre. Dans ce lieu, j'y ai fait de super rencontres et des moments de pure grâce, avec des conversations from outer space et du délire.
"Les choses arrivent toujours pour quelque chose", je me souviens avoir dit ça, à moitié saoul, à un performeur hollandais qui me regardait avec une touche d'inquiétude.

En sortant de la fête, j'ai vu ce graffiti faisant référence à Foucault (photo : "Big Brother nous observe depuis le panoptique foucaldien"), et j'ai eu soudain eu très envie de dormir. Je me suis allongé sur le trottoir, pour échapper aux radars de la conscience. Dormir pour que s'enraye le mécanisme du panoptique. Dormir pour pouvoir mieux regarder les regardeurs, ou les miradors. Ces surveillants déguisés en nous-mêmes nous obligent à accomplir et à bien faire, à nous efforcer, à amasser, ils nous apprennent à whatsapper et à étiqueter avec le bon hashtag, à opiner, à conter et décompter, à prendre dans nos filets, à capturer et captiver, ils nous obligent à prendre des avions et des autobus, ils nous prennent des selfies tout en nous apprenant à détester les selfies, ils nous obligent à marcher et encore marcher ; dans mon pays ils ont même élu président un homme qui veut mettre les gens "en marche", comme des whitewalkers ou des fantômes en costume, ils nous racontent que même en amour il faut faire et agir, au lieu d'aimer. Ils nous obligent à briller de toutes parts, mais moi la luisance, je n'en ai rien à cirer.

La seule chose qui m'intéresse dans ce monde carcéral, en plus des jeux à la tombée de la nuit, c'est le très léger bruit que fait le battement de l'être aimé à l'heure de la sieste. Dormir en aimant, aimer en dormant, sont les meilleurs remèdes contre cette injonction à "l'accomplissement" ou au "réveil". Pas envie de quitter ce trottoir, que l'île de carte postale aille se faire foutre, que vienne le balayeur, je veux simplement que la vie reste un rêve. Même si je suis, depuis aujourd'hui, un quadra.




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